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Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/46

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son genre, nous avons tous regagné le château. M. Billing et le bon curé de Varannes qui venait d’arriver, y faisait tranquillement un piquet ; ils proposèrent à ma belle-mère de se mettre de la partie : elle allait accepter ; mais lui ayant dit que je me sentais fort mal, elle s’excusa en témoignant des regrets que je crus sincères. Caroline éprouva un petit mouvement d’humeur qui fut long à se dissiper. M. de Savinie parla de ma santé avec intérêt, me proposa de l’accepter pour médecin et m’ordonna un de ces régimes qu’on indique toujours aux malheureux, et qui commence par ces mots : Il faut vous distraire ; comme s’il en était des distractions comme des tisanes qu’on se procure à volonté. J’ai répondu tant bien que mal à toutes ses aimables politesses, et nous sommes remontés en voiture après avoir fait chercher un quart-d’heure Frédéric, qui ayant rejoint sir James dans son appartement, ne pouvait se déterminer à le quitter.

De retour au château, je me suis mise au lit où j’ai passé plusieurs nuits à souffrir mortellement. Caroline m’a prodigué les plus tendres soins, et Frédéric ne pouvant pénétrer dans mon appartement, m’a écrit au moins vingt billets pour s’informer de mes nouvelles, et du moment où je pourrais le recevoir. Madame de Varannes jugeant que j’étais encore trop faible aujourd’hui pour descendre au salon, et