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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/103

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ton le plus affectueux ; vous pouvez vous donner bien des torts envers moi, avant de détruire la bonne opinion que j’ai de vous. Le sourire presque tendre, le regard caressant qui accompagnaient ces mots ont achevé de me tourner la tête. À dater de ce moment, j’ai déraisonné sur tout avec le plus grand succès. On a fait de la musique ; j’ai chanté un duo avec elle ! oui, mon ami, sa voix, sa ravissante voix s’est mêlée à la mienne ; jamais je n’ai tant béni ma pauvre mère de m’avoir forcé à prendre des leçons de Rubini. Ah ! combien j’ai regretté que tu ne fusses pas là, témoin des applaudissements qu’on nous prodiguait et de la joie que je ne pouvais contenir. Chanter un duo d’amour avec la femme que l’on aime ! s’entendre appeler par elle : Caro-bene, amor mio ! Deviner, à sa manière d’exprimer la passion, toute la chaleur de son âme ! est-il au monde rien de plus enivrant ! Mais qu’as-tu donc fait hier soir ? pourquoi n’es-tu pas venu chez madame des Bruyères ?

— Parce qu’elle ne m’a point invité, et que je n’ai pas l’habitude d’aller chez les gens qui ne se soucient pas de moi, répondit sèchement Adalbert.

— Cela ne peut être qu’un oubli de la part de la comtesse, elle a reçu ta carte avec toutes celles de l’ambassade, tu lui as été présenté dans toutes