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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/117

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dèle. Si ce culte muet était adressé à l’objet d’un pieux souvenir, d’un amour conjugal, pourquoi en ferait-elle mystère ? On ne dissimule aussi bien que les adorations qu’on se reproche.

— Oh ! si je pouvais, par quelque ruse, tenir là, un moment, ce médaillon ?

— Eh bien, que verrais-tu ? un grand niais d’Américain, tout réjoui du succès galant que lui vaut sa richesse, souriant à l’espoir de revenir bientôt au pied de sa belle Parisienne chercher le prix de sa constance. Que gagneras-tu à cette découverte ? l’avantage d’être le premier à reconnaître ton rival quand l’amour le ramènera près de ta Dulcinée. Voilà tout.

— En vérité, je ne sais quel démon t’inspire toutes les suppositions qui doivent le plus me désespérer. Certes, je ne me crois pas un séducteur irrésistible ; mais je vaux bien un intendant romanesque, ou, comme tu le dis, un niais d’Amérique. Je n’ai pas la prétention d’être le premier qui ait parlé d’amour à madame des Bruyères, elle est trop ravissante pour ne s’être pas fait adorer du nouveau monde comme de l’ancien ; mais en t’accordant qu’elle ne soit pas restée insensible aux hommages d’ennuyeux millionnaires, ce n’est pas une raison de leur consacrer sa vie et de ne