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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/126

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l’avait prié d’aller porter ses soupirs assez loin pour n’être pas entendus d’ici ; la mesure était bonne, et je l’approuvais sincèrement, quand je me suis aperçu que la tristesse de Clotilde s’augmentait de jour en jour pendant l’absence de ce monsieur, qu’elle semblait moins en garde contre sa préoccupation, et j’en conclus qu’ayant eu le courage d’éloigner le héros de son roman domestique, elle le continuait en imagination et se livrait d’autant plus au bonheur d’être aimée à la Jean-Jacques, qu’elle pensait être mise à l’abri de tout danger par le grand moyen de l’exil. Cette supposition m’était déjà assez pénible, mais ce fut bien pis vraiment, lorsqu’en arrivant ce matin chez la comtesse, je la vis toute joyeuse et caressant une petite levrette couchée à ses pieds.

— « Qui vous l’a donnée ? me suis-je écrié.

— » Ah ! vraiment, vous le savez mieux que moi, a-t-elle dit, vous qui êtes le seul à qui j’ai parlé du désir que j’avais.

— » Je l’ignore, je vous jure.

— » Eh bien ! je ne veux pas le savoir plus que vous. » Alors elle m’a fait admirer le collier élégant et simple de la jolie petite bête, l’attention qu’on avait eue d’y faire graver sa demeure à Naples.