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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/135

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tend, dans son baragouin moitié italien et moitié français, qu’il vient sur un ordre donné par Monsieur lui-même, et que son service ne lui laissant que cette heure-ci de libre, il faut qu’il en profite.

— Ah ! c’est Ricardo ; il a raison, fais-le entrer.

Ricardo, valet de chambre de bonne mine, plus spirituel que brave, plus beau que propre, indolent pour le travail et tout zèle pour l’intrigue, était un de ces Frontins italiens que les voyageurs prennent ordinairement pour leur servir de guide, et que les étrangers, dont le séjour à Naples doit se prolonger, adjoignent à leurs domestiques pour les aider à se faire comprendre des naturels du pays et pour les diriger dans le choix de leurs emplètes. C’est en cette qualité que Ricardo était depuis quelque temps au service de madame des Bruyères.

Adalbert ayant deviné à son allure que Ricardo n’était pas incorruptible, l’avait mandé un beau matin dans son cabinet, à l’Ambassade de France ; et là, sous prétexte d’intérêts politiques de la plus haute importance, il lui avait fait subir un interrogatoire sur les questions les plus étrangères à celles où il voulait en venir, et avait fini par lui faire accroire que le gouvernement français atta-