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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/166

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— Pardon si je te chasse, dit Adalbert d’une voix brisée, mais j’ai la fièvre, et je vais me mettre au lit.

— Ah ! mon Dieu ! tu trembles, tu as le frisson, s’écrie Sosthène, surpris de l’altération peinte sur le visage décoloré d’Adalbert ; et moi qui ai la cruauté de te tenir là, debout, à entendre mes confidences. Je cours chez le docteur Corona, je le ferai réveiller, il sera ici dans un quart d’heure.

— Garde-toi bien de me l’envoyer, interrompit Adalbert, j’ai en horreur les médecins, et tout leur art ne peut rien contre ce que je souffre. D’ailleurs, ce mal n’est pas inquiétant, quelques moments de repos m’en délivreront.

— Eh bien, tu as tort de le traiter si légèrement. Certes, tu n’es pas en danger, mais je te vois depuis plusieurs jours si soucieux, si dégoûté de la vie, que j’accuse ta santé de ce changement dans ton humeur ; comment l’expliquer autrement, tu as tous les biens qu’on envie, un beau visage, un beau nom, l’esprit et les talents qui mènent à la fortune, et par-dessus tout cela, la plus jolie femme de Naples pour maîtresse. Vraiment tu ne saurais accuser le sort sans ingratitude.

— Aussi, n’ai-je pas le tort de me plaindre.

— Alors pourquoi cette tristesse, ce dédain des