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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/168

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— Ah ! par grâce ! ne lui parle pas de moi, s’écrie Adalbert ! ne tente pas de détruire ses préventions contre moi ; elle a raison de me trouver ennuyeux… détestable ; laisse-lui me haïr à son gré ; aussi bien je ne saurais profiter de ses bontés, lors même qu’elle reviendrait à de meilleurs sentiments.

— Je comprends, tu la fuis par ordre. Si c’est ainsi, je n’insiste plus sur ta désobéissance ; on sait comment une amante napolitaine agit en pareil cas, et j’ai trop peur d’exposer la vie de madame des Bruyères.

— Que dis-tu, moi exposer sa vie…

— Et ne vois-tu pas tous les jours ici le poignard ou le poison faire justice d’une rivale importune.

— Quelle horreur, l’idée seule en ferait abhorrer la plus belle femme du monde.

— Oui, mais quand on a eu le tort d’accepter un instant son amour, il en faut subir les conséquences. La princesse Ercolante est accoutumée à te voir très-froid, presque dédaigneux près de la comtesse. Si demain tu changeais d’allure, Dieu sait ce qui en arriverait ! mais tu souffres, ta pâleur redouble, et moi qui ai la cruauté de te tenir là, à t’étourdir de mon bavardage. Ah ! pardon, cher