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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/182

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perdus, elle va faire quelque scène, il faut que je lui parle, il faut que je la conjure au nom d’Adalbert de ne point hâter ses derniers moments, de respecter la paix de son âme.

— Elle ne t’écoutera point, la pauvre femme n’a plus sa tête, dit l’ambassadeur, tâche d’obtenir seulement qu’elle suspende les cris, les sanglots qu’on entend d’ici. Peut-être la crainte de tuer le malade calmera-t-elle un moment son délire.

En effet, les cris cessèrent, et l’on vit bientôt le marquis rentrer dans le salon tenant à son bras une femme pâle, défaite, le visage baigné de larmes, et dont les vêtements en désordre démontraient assez le désespoir qui troublait sa raison.

— Oui… je vous le jure, disait-elle d’une voix étouffée, si vous me permettez de rester là, près de sa chambre, à prier le Seigneur de nous le conserver, à compter les minutes qu’il doit vivre encore, je serai muette, immobile, il ne m’entendra pas gémir ; mais je saurai s’il respire, je saurai si la vie lui revient, et je ne mourrai pas dans les tourments de l’inquiétude.

En parlant ainsi, elle alla se réfugier dans l’endroit le plus obscur du salon, espérant se soustraire à tous les regards, et surtout à ceux du cardinal.