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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/19

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d’une personne qui porte avec elle un secret humiliant.

Thomassin, ravi du succès de sa petite fraude et de l’admiration que la beauté de sa fille inspirait à tous ses voisins, ne pensa plus qu’à la marier selon ses vœux. L’occasion s’en présentait naturellement dans le fils de son ancien châtelain, Adalbert de Bois-Verdun, jeune homme beau, bien fait, spirituel, qu’une bonne éducation rendait propre à se distinguer dans plusieurs carrières, mais que son père s’obstinait à garder près de lui, dans la crainte de le voir servir un gouvernement dont il niait la légitimité. Cette inaction, le chagrin de se sentir inutile à son pays et de ne pouvoir employer dignement ses facultés spirituelles, inspiraient à Adalbert un tel dégoût pour sa vie campagnarde et monotone, qu’il était prêt à accepter toutes les conditions pour en sortir.

Thomassin ne l’eut pas plutôt aperçu un matin à la grand’messe, qu’il se dit : « Voilà mon affaire, » puis, se faisant annoncer chez le vieux marquis, il lui proposa, sans aucun préambule, de marier le jeune comte de Bois-Verdun à la belle et riche Clotilde.

La proposition méritait d’être approfondie, la fierté du marquis s’en arrangeait mal, mais sa