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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/227

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grand nombre des assistants le marquis de Bois-Verdun avait disparu. César, le beau César, le conquérant, le civilisateur du monde, la terreur de l’ennemi, l’amour de ses soldats, le supplice des envieux, l’idéal des femmes, César seul était là avec tout le génie, toutes les séductions qui lui soumettaient les peuples et les rois, enfin, tel que la gloire l’a fait, tel que l’histoire le montre.

L’effet de cette évocation ne saurait se peindre ; voir naître tant d’impressions vives, nobles, tant d’enthousiasme du fond d’une mascarade, était une chose si imprévue, que ceux mêmes qui en étaient témoins ne se l’expliquaient pas. Mais comme le beau agit en dépit du raisonnement, ainsi que le vrai en dépit des apparences, les convives, les spectateurs, transportés par enchantement dans l’époque où l’éloquence plaçait un orateur au rang des dieux, couvrirent d’applaudissements le discours de César et lui décernèrent à l’unanimité les honneurs du triomphe.

Cassius seul gardait, au milieu de ces acclamations délirantes, un silence menaçant. Car Brutus, entraîné par l’admiration générale, avait oublié son rôle d’assassin, et se répandait en éloges plus ou moins burlesques sur le talent de M. de Bois-Verdun à imiter un grand homme. Sosthène, jaloux