Aller au contenu

Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du cœur, arrive de même à ceux qu’on veut émouvoir. Que de fois à la vue de ces pleurs, espérant en être la cause, il s’était senti prêt à tomber aux genoux de Clotilde, à révéler publiquement ses torts envers elle pour en obtenir le pardon ; mais, aussitôt retenu par la crainte d’un éclat dont les suites pouvaient être funestes à Clotilde elle-même, il s’ordonnait le sacrifice de toutes ses espérances, le silence de toutes ses impulsions. L’orgueil aussi lui en donnait le courage. Si les accents plaintifs échappés de son âme, avaient simplement ouvert celle de Clotilde aux sentiments de pitié, de tendresse qu’un autre amour méritait ; s’il avait ému son cœur, exalté son imagination au profit d’un amant malheureux ; s’il avait servi d’interprète à un rival timide ; ah ! combien de résolutions énergiques, féroces mêmes, puisait-il dans ce soupçon.

L’espoir de l’éclaircir tenait ses regards fixés sur la comtesse. C’était la livrer au ressentiment de la princesse Ercolante ; quelque chose avertissait celle-ci que ce brillant succès d’Adalbert ne lui était pas dédié, qu’elle n’était pour rien dans son trouble, dans sa joie ; et de cette humble pensée à celle qu’une autre en avait l’honneur, il n’y avait pas d’intervalle. La princesse, subitement illuminée