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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/232

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triomphait, ce culte mystérieux voué à une puissance inconnue, cette idole, ce rival occulte… c’était lui !… C’était le seul de nous tous qui ne fût pas à ses pieds… le seul qu’un autre amour sauvât de la séduction qu’elle exerce, qui lui soumet également le cœur, la raison, la vie de tous ceux qui la connaissent… Ah ! l’adoration du sauvage pour le soleil, du dévot pour la Vierge, le dévouement de l’esclave pour son maître, du martyre pour son Dieu, tout ce que le ciel a mis de noble dans le cœur de l’homme, ne pouvait rien sur cette âme de glace. Les froideurs, le dédain, ces armes dont elle se sert avec tant de succès, ces poignards tournés contre elle, devaient seuls la blesser ; et je resterais témoin d’une faiblesse aussi déshonorante pour moi que pour elle ? Je la verrais subir le supplice humiliant qu’elle m’impose ?… Non, dès demain je m’éloigne d’elle à jamais, je la laisse en proie au vautour qui va la dévorer… Mais avant de la livrer au malheur qui l’attend, elle saura ce qu’elle perd dans un amour sans exemple, qui ne demandait que la faveur de souffrir, de mourir pour l’objet de son culte ! d’un amour qui la voulait parfaite comme la divinité pour avoir le droit de l’adorer de même !

On ne se parle pas ainsi sans que le visage ne