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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/28

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d’un petit nombre de parents dont le sérieux ennui et dont la plaisanterie blesse ? Dans l’ivresse du banquet nuptial tout s’excuse, le bruit général couvre les propos trop légers et permet aux oreilles chastes de ne pas les entendre. La surveillance des amis, des garçons de noce, forçant les mariés à ne se parler que furtivement et devant témoins, ajoute à leurs amours tout le piquant de la contrainte ; en voyant tant de personnes célébrer leur bonheur, ils se croient heureux et attendent le moment du tête-à-tête conjugal avec plus de patience ou de résignation.

On se moque de ces vieux usages qui remontent aux temps fabuleux, et quand on examine ceux que la philosophie moderne leur a substitué, on s’aperçoit qu’on y perd, car rien n’est si mortellement ennuyeux qu’une noce en petit comité. Pour celles dont les mariés montent en voiture de poste au sortir de l’église, elles sont sans prestige pour les imaginations poétiques et impudiques à l’œil ; ce tête-à-tête forcé, au grand jour, entrecoupé de cahots, de hennissements de chevaux, des claquements du fouet des postillons, des regards des passants curieux de voir les voyageurs qu’on entraîne aussi vite ; tout cet appareil de fuite n’a rien de solennel et ressemble trop à un