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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/303

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On donnait le soir même un opéra nouveau de Verdi. Ne pas se montrer au théâtre Saint-Charles, eût été une espèce de scandale à l’envers, qui aurait fourni des réflexions malveillantes aux esprits malins et aurait confirmé les bruits répandus sur les événements de la journée ; aussi, malgré les préoccupations pénibles de nos personnages, chacun d’eux était-il décidé à paraître dans sa loge comme à l’ordinaire et à affecter autant de tranquillité qu’il éprouvait de trouble.

Lorsque madame des Bruyères entra dans la salle, tous les yeux se fixèrent sur elle, naturellement attirés par l’éclat de sa beauté et l’espérance qu’on avait de lire sur son visage la trace des inquiétudes que le duel du matin avait dû lui causer.

— Jamais je ne l’ai vue plus ravissante ! s’écria l’ambassadeur de France, n’êtes-vous pas de mon avis, Sosthène ?

Mais Sosthène, accablé sous le poids d’une affreuse pensée, n’entendait pas ce que disait son père. À peine contenu par la parole qu’il avait donnée à Adalbert de ne faire aucune scène qui dût compromettre la réputation de Clotilde, il cherchait comment il pourrait satisfaire son ressentiment sans trahir sa promesse. Le problème était difficile à résoudre, et Sosthène y aurait rêvé