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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/311

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— Je ne puis me soutenir… répond-elle d’une voix haletante.

— Il le faut, Granda principessa, sinon tout est perdu ; il faut que vous soyez rentrée avant l’heure où vous sonnez d’ordinaire à votre réveil ; sinon vous éveillerez les soupçons et nous serons à court lorsqu’il faudra prononcer l’alibi… Allons… soyez tranquille… votre affaire est en bonnes mains ; mais ne nous ruinez pas par quelque imprudence. Nous n’avons pas de temps à perdre… l’heure du départ est fixée à la nuit.

— En rappelant ce fait d’une séparation clandestine et peut-être éternelle, Ricardo savait ranimer toute la rage assoupie un instant sous la terreur qui précède toujours une grande résolution.

— Oui, il ne sera plus temps… dit la princesse en se levant d’une manière convulsive… La justice le veut… Dieu l’ordonne… elle ou moi…

Et, marchant d’un pas ferme, elle traversa l’église et se perdit bientôt dans la foule qui se rendait en chantant au marché de Santa-Lucia.

Rentrée dans son palais par une porte secrète, la princesse Ercolante se mit au lit ; mais ne pouvant y trouver le repos, elle sonna sa femme de chambre et se fit servir une grande tasse de café