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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/315

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moqueur aux efforts qu’il fait pour la tromper. Elle les encourage même par des questions captieuses ; puis cessant tout à coup de se contraindre :

— À quoi bon ce manège ! dit-elle avec un sourire terrifiant. C’est assez jouir de ton talent dans l’art de mentir. Je sais quel sort tu me prépares. Traître ! tu m’abandonnes, tu pars ce soir pour longtemps, pour toujours peut-être, et tu ne pars pas seul.

— Que dites-vous ? s’écrie Adalbert. Oui, le devoir me force à partir ; mais je le jure sur l’honneur, croyez que personne…

— Tu mens. Je sais tout. Cette femme que ma haine avait devinée… cette femme que tu arraches à un misérable qu’elle aime… cette femme dont tu préfères les dédains, la trahison, à l’amour qui me brûle ; ce beau monstre que l’enfer a vomi ici pour y semer le malheur, le crime, tu lui donnes ma vie pour un de ses caprices. Tu l’enlèves, et c’est ce soir même que tu attends le prix de ta perfidie. Mais l’amour veille sur ses martyrs, et le ciel punit quelquefois les coupables avant leur triomphe.

— Que faut-il invoquer, ô mon Dieu ! pour vous convaincre de la vérité ? Antonia, chère Antonia, j’en prends à témoin l’âme de ma mère,