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Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/81

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devient pas moins très-embarrassante à recevoir, par l’espèce de gens qui sont à sa suite, ou pour mieux dire à la suite desquels elle voyage. Mon père, qui la connaît depuis plusieurs années, prétend que malgré son indépendance, sa fortune et ses autres moyens de bonheur, c’est la plus malheureuse femme de la terre, par le peu de succès de tout ce qu’elle tente pour arriver à produire de l’effet. Elle s’est faite, tour à tour romanesque, sans imagination ; bel esprit, sans système ; dévote, sans religion ; et politique, sans opinion. Cela n’a étonné personne, elle s’est accrochée à tout ce qu’elle a pu attraper de gens marquants, sans parvenir jamais à s’acquérir la moindre partie de leur célébrité, on dirait que la malice du public aime à déconcerter les vices bruyants et les ridicules ambitieux.

— Il se dédommage bien de cette insouciance-là, sur les personnes qui cherchent l’ombre, vous en conviendrez, dit Clotilde.

— Et il a raison, quand un artiste fait un chef-d’œuvre, c’est pour le livrer à l’admiration générale, pourquoi Dieu serait-il moins fier, moins généreux de ce qu’il a fait de plus beau ?

— Ton père est fatigué, il désire se retirer, dit Adalbert à Sosthène en l’attirant vers lui.