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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/121

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prend à nier l’amour qu’on a pour elles, les compromet bien plus que ne le ferait l’indiscrétion de celui qu’elles préfèrent.

Madame de Lisieux, sans s’expliquer ce qui rendait sa situation insupportable, résolut de s’y soustraire momentanément en allant passer quelques jours avec Thérésia dans une de ses terres à dix lieues de Paris. Elle donna pour prétexte à ce petit voyage la nécessité de faire arranger le château, de manière à ce qu’elle pût y passer l’été avec sa tante ; et bien qu’il n’y eut point encore de feuilles aux arbres, elle témoigna un si vif désir d’aller respirer le grand air, que la baronne d’Ostange consentit à cette absence ; mais il fut convenu qu’elle ne dépasserait point une semaine, sinon madame d’Ostange irait les chercher.

Thérésia était ravie de cesser pendant quelque temps les leçons de dessin, de langues étrangères et de tant d’autres arts et sciences dont on accable une jeune fille, pour parcourir les prés et les bois qui entouraient le parc du château de R…, situé près d’Ermenonville. Mathilde avait promis de la conduire dans ce lieu si justement célèbre par son site pittoresque, la beauté de ses jardins, et plus encore par l’hospitalité qu’y reçut le génie. Mathilde venait souvent dans cette belle retraite méditer sur les sujets qui avaient inspiré tant de pages éloquentes à celui qui reposait sous les ombrages de l’île des Peupliers. Le jour choisi pour cette promenade, Mathilde, ayant confié Thérésia aux per-