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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/140

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reux pour l’attirer près de nous, vous verriez s’il entre le moindre aveuglement dans ma passion pour elle.

— Mais, répliqua madame de Cérolle, ce cercle devient si imposant qu’elle n’osera pas le traverser.

— Ah ! vous la connaissez bien, vraiment ! madame du Renel n’a pas cette retenue bourgeoise qui cloue une pauvre femme sur le siége où on l’a placée. Elle a remarqué que les dames du haut parage se levaient à loisir pour parcourir les salons, en interpellant tous les gens qu’elles y connaissent et en leur parlant très-haut de ce qui les concerne, certaines que les plus petits détails qui regardent une femme de la cour sont toujours d’un grand intérêt pour celles de la ville ; et madame du Renel imite cette noble confiance d’une manière toute particulière.

Comme Albéric finissait ces mots, il vit l’élégante baronne s’avancer bravement vers une personne assise à quelque distance de mesdames de Cérolle, en disant :

— « Eh ! bonjour, chère comtesse, comment va la santé et celle des petits mioches ? pourquoi n’avez-vous pas amené la belle Céline ? Ah ! je comprends elle n’aurait pas été ici dans ses atomes. Elle aime mieux lire un volume de Vater Cott ou un chapitre de Virgile que de rester stagnante dans un fauteuil, à regarder les uns, les autres ; et puis les arrias de la toilette ! j’en sais quelque chose moi ; Herbault m’a fait attendre cette toque jusqu’à neuf heures, jugez de mon impatience, en vérité je buvais mon sang.