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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/152

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fait éprouver la même sensation que produirait un accord faux au milieu d’une harmonie céleste.



XVIII


On donnait un des plus jolis ouvrages de M. Scribe, et malgré le plaisir qu’on avait eu à le voir représenter plusieurs fois, on riait toujours de la mystification d’un oncle plus spirituel qu’on ne les fait d’ordinaire au théâtre, et l’on s’intéressait encore au dépit amoureux de l’aimable héritière. Mathilde surtout retrouvait sa faiblesse dans l’amour de cette jeune veuve pour un homme amusant, moqueur et léger, et elle soupçonnait Albéric d’avoir eu autant de part dans le choix de cette pièce que dans celui des éventails. Chaque mot de ce rôle d’amant, d’abord si froid, si moqueur, ensuite si franchement passionné, semblait une application directe à la manière d’être de M. de Varèze envers Mathilde ; et si elle avait pu s’y méprendre, ces aveux, ces mots d’amour prononcés par l’acteur, et signés d’un regard d’Albéric, l’auraient assez convaincue du soin qu’il avait pris de l’obliger à écouter par ce moyen tout ce qu’elle ne lui aurait pas permis de dire.

Dans l’entr’acte qui séparait le vaudeville d’une farce des Variétés, les hommes quittèrent leurs places pour circuler dans la salle, et M. Ribet vint recevoir