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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/158

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qu’y apportent les circonstances et la force des choses, et nous préférons le pire au mieux qu’il faut attendre.

— Que disait-on des Russes ce soir, M. le maréchal ?

— Qu’ils seraient avant six mois à Constantinople.

— Ah ! j’en serais désolé, s’écria M. Ribet.

— Et pourquoi ce grand intérêt en faveur des Turcs ? reprit le maréchal.

— Voulez-vous le savoir ? C’est que les Turcs ne sont jamais venus piller mon château, boire mon vin et faire un harem de mon village. Voilà une raison qui vaut toutes celles de la politique, convenez-en. Et vous, mon cher comte, ajouta M. Ribet en prenant le bras de M. de Varèze, pour qui êtes-vous, pour les Russes ou pour les Turcs ?

— Je suis pour le premier qui battra l’autre.

— Vous voilà bien, vous autres militaires, vous ne connaissez que le vainqueur. Mais si l’une des deux puissances devient trop forte ?…

— Nous la combattrons, interrompit Albéric, et cela nous amusera.

— Beau plaisir ! Vous voulez donc la guerre ?

— Toujours. En France, il n’y a que ce moyen-là de vivre en paix.

— Quelle tête insensée ! Et le commerce ?

— Vous êtes déjà trop riche.

— Que ferez-vous de nos ouvriers ?

— Des conscrits.