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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/199

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cheveux, cette robe rose lui allaient à ravir. Aussi je ne demande pas si elle s’est amusée ; une femme s’amuse toujours quand elle se sent jolie.

— Il est certain que si l’admiration suffit au bonheur, Mathilde a dû se trouver hier la plus heureuse femme du monde, dit la vicomtesse ; son entrée a été le signal d’un concert d’éloges. Chacun disait qu’elle justifiait bien la faiblesse de Louis XIV, et que tous les rois de la terre auraient été infidèles en la voyant.

— Et le duc de L… qu’en pensait-il ?

— Il en raffolait comme tous les autres. Cependant il faut convenir que notre nouvelle présentée l’a emporté quelques moments sur elle ; non pas précisément par sa beauté, bien qu’elle fut éclatante, mais par l’étrangeté de ses manières. Jamais on n’a vu tant d’assurance dans une jeune mariée, des airs plus dégagés, une familiarité plus soutenue, même avec les princesses. C’était à qui s’approcherait d’elle pour entendre ses bons mots, et prendre sa part de l’abandon de sa conversation ; on l’accablait de flatteries, de prévenances, et l’on ne demandait pour prix de tant de soins qu’une de ces phrases à la Ribet, dont on faisait l’amusement du reste de la cour. Enfin je vous atteste qu’elle a le droit de se croire adorable, car aucune de nous n’a produit autant d’effet.

— Et que faisait madame d’Erneville pendant le singulier succès de sa nièce, demanda la baronne.

— Elle faisait une grimace risible, et répondait à