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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/202

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— Non, il a fait le mystérieux, en disant seulement que l’on sévissait contre les gens pour des mots, il ne fallait pas les répéter, car c’était leur donner une sorte d’autorité délatrice ; puis il a ajouté quelques phrases sans suite, où se trouvaient mêlé le nom du duc de L… de manière à me laisser supposer qu’il s’était passé quelque scène entre lui et M. de Varèze.

— Ah ! ce serait un peu violent, s’écria la baronne en changeant tout à coup son indulgence en ressentiment ; de quel droit M. de Varèze attaquerait-il le duc de L… ? Les qualités, les agréments qui le distinguent ne sont-ils pas au-dessus de l’éternelle raillerie de M. de Varèze, et prétendrait-il l’empêcher de faire valoir ses avantages auprès des femmes qui doivent les apprécier ? Vraiment ce serait une prétention plus sotte que celles qu’il ridiculise tous les jours, et je ne lui conseille pas de diriger son arsenal de méchantes plaisanteries contre un homme dont le caractère et le nom sont garants de la conduite qu’il tiendrait envers un mauvais plaisant.

— Par grâce, ma tante, ne répétez ceci à personne ; si ces mots parvenaient à M. de Varèze…

Et Mathilde, à qui l’effroi pouvait seul faire rompre le silence qu’elle avait gardé pendant cet entretien, n’osa pas achever sa phrase.

— Et vous, ma chère Mathilde, reprit la baronne d’un ton sévère, gardez-vous bien plus de prendre le parti d’un homme dont la fatuité veut se faire un titre