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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/213

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à toutes les folies que le désespoir inspire ; vous excitez sa jalousie par le bruit de votre prochain mariage. C’est de votre famille même qu’il apprend l’union qui le sépare à jamais de vous. Lorsqu’un seul mot pouvait calmer sa raison, le rendre à la vie, vous cédez au pouvoir de ses ennemis, vous semblez partager leur animosité en l’éloignant de vous, en lui ôtant les moyens de se justifier ; et pour achever de le perdre, vous le laissez s’exiler pour toujours…

— Non, dit Mathilde avec toute l’exaltation d’un cœur dévoué, il ne s’exilera point. Je le rendrai à son ami, à sa patrie ; dites-moi la route qu’il a prise, en combien de temps on peut le rejoindre ; et s’il m’aime encore, nous le reverrons bientôt.

— Ah ! madame, s’écria Maurice en s’emparant de la main de Mathilde, que je vous remercie de me rendre au culte de ce que j’adorais en vous. Oui, une âme si noble ne pouvait être insensible à l’amour. Vous deviez ressentir une partie de ce feu dont vous animez tout ce qui vous approche. Vous deviez comprendre ce charme invincible, ce courage de se dévouer au bonheur de l’être qu’on aime, et d’accomplir ce bonheur au prix de ce qu’on a de plus cher au monde. Pourquoi Albéric n’est-il pas là pour recueillir ces précieuses larmes ? Pourquoi n’a-t-il pas cédé à ma prière ? Comment n’a-t-il pas deviné à tout ce que j’éprouvais, qu’il était aimé ?

Pendant que Maurice parlait ainsi, Mathilde retirait