Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/229

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madame d’Ostange avait remarqué la pâleur de Mathilde en écoutant ce qu’Isidore avait dit de madame de Cérolle ; et, dans l’inquiétude qu’elle témoignait sur la fièvre qui oppressait Mathilde, elle mêlait tant de malédictions, voilées par des sentences générales, sur les cœurs pervers dont l’unique plaisir était de se jouer de la crédulité des âmes nobles, qu’il était impossible de n’en pas faire la cruelle application.

Le maréchal s’aperçut du supplice que cette conversation faisait endurer à madame de Lisieux, et pour la détourner, sans pourtant cesser de s’occuper de Mathilde, il prétendit que le changement d’air, la distraction d’un voyage, lui feraient plus de bien que tous les secours de la médecine ; et il finit par lui proposer de venir avec lui aux eaux d’Aix en Savoie.

— Les médecins cherchent à me persuader qu’une saison de ces eaux suffira pour calmer mes douleurs et me rendre moins malade, ajouta-t-il : il ne tient qu’à vous que j’en sois certain.

— Ah ! oui, répondit vivement Mathilde, un voyage ! Je crois que je serai mieux loin de Paris.

— Malgré le chagrin que j’aurai de ne pouvoir vous accompagner, je pense qu’en effet le régime, les plaisirs des eaux vous seraient fort salutaires, mon enfant, dit la baronne ; et si le docteur est de cet avis, il faudra profiter des premiers beaux jours pour vous mettre en route. Les voyages ! je ne connais que cela pour guérir l’imagination et le corps ! Et puis vous