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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/267

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XXXVI


Albéric avait-il succombé ? Maurice était-il arrivé assez à temps pour le revoir, pour lui apprendre tout ce que l’amour de Mathilde allait faire pour son bonheur, quand elle s’était vu abandonnée par lui ? La connaissance des regrets déchirants qu’il lui inspirait avait-elle adouci la douleur de ses derniers moments ? Pouvait-on le sauver encore ? Voilà les questions que ne cessait de s’adresser Mathilde, et auxquelles son désespoir seul répondait. Cependant, résolue à sortir d’une anxiété pire que le malheur, elle rassembla ses forces pour être en état d’exécuter la résolution qu’elle prit de se rendre sur-le-champ à Marseille.

Certaine que madame de Varignan, dont l’intérêt pour elle s’était augmenté par la confidence du malheur qu’elle redoutait le plus, et s’opposerait à la laisser partir ainsi seule, et à la voir s’exposer nuit et jour à tous les dangers d’un si fatiguant voyage, madame de Lisieux se détermina à lui cacher son départ précipité ; et lorsque madame de Varignan lui proposa d’envoyer un courrier à Marseille, ou d’attendre que son mari pût l’y accompagner elle-même, Mathilde la remercia affectueusement, en remettant au lendemain à prendre un parti à ce sujet. L’état de souffrance et d’accable-