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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/28

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cienne amitié de sa mère pour celle de Léontine, se trouvait depuis son enfance dans l’intimité de la famille d’Herbas.

M. de Marigny se reprocha de n’avoir pas pensé plus tôt que les assiduités de l’élégant Isidore auprès de Léontine étaient la conséquence du sentiment qu’il lui avait inspiré, et qu’elle avait espéré vaincre jusqu’au moment du sacrifice. L’espoir d’amener cet Isidore à l’épouser, malgré son goût déterminé pour les héritières, avait décidé Léontine à l’éclat d’une rupture qui, flattant l’amour-propre de M. d’Erneville, le contraindrait peut-être à quelque brillant témoignage de sa reconnaissance. Dans cette supposition rien n’était vrai, mais M. de Marigny, convaincu que M. d’Erneville était l’unique cause de son malheur, n’hésita pas à lui en demander raison par un billet qui jeta tout à coup la terreur dans la famille d’Isidore. Certain de n’avoir jamais eu que de bons procédés pour M. de Marigny, il crut d’abord que ce billet était l’effet d’une méprise, et il consulta son père sur ce qu’il en devait penser. Celui-ci, reconnaissant à quelques phrases la fureur d’un jaloux, prit aussitôt parti pour M. de Marigny contre son fils.

— Vous voilà bien tous, dit-il avec humeur, cherchant à vous faire adorer de toutes les femmes, mariées ou non, sans vous embarrasser des ménages que vous troublez, des mariages que vous faites manquer, et des affaires que toutes ces gentillesses vous attirent.