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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/280

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Mais les soldats n’ont pas de timballes comme celle-là dans notre pays ; d’ailleurs, on voit bien qu’une chose si belle ne peut appartenir qu’à quelqu’un de riche ; aussi est-elle à cette dame que vous avez vue tout à l’heure, et qui loge dans la chambre à côté. Alors il me dit d’un air étonné :

» — Vous êtes certaine que ce gobelet appartient à cette dame ? Eh bien, demandez-lui comment elle se l’est procuré ; si vous parvenez à le savoir, je vous récompenserai de ce service.

» À cela j’ai répondu que je n’oserais jamais déranger ces dames pour venir leur faire une semblable question.

— Ce sont sans doute des gens qui ont rencontré Philippe dans ses fréquents voyages à l’hospice, dit madame de Varignan en cherchant à calmer l’agitation qui se peignait dans les traits de Mathilde.

— Quelle figure avait celui qui parlait ainsi ? demanda madame de Lisieux d’une voix tremblante.

— Il m’a paru assez grande et il serait un bel homme s’il n’était point si pâle. Mais c’est l’autre qui a bonne mine !…

— Celui qui vous a paru souffrant n’a-t-il pas les yeux bleus ?

— Oui, madame, et les cheveux blonds. Mais c’est l’autre qui a de belles moustaches !… et un air résolu ! Aussi a-t-il fait entendre raison à son ami, car il s’obstinait comme un diable à savoir si vraiment ce