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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/71

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VIII


L’appartement destiné à madame d’Ostange était prêt à la recevoir, et plusieurs de ses amis avaient été engagés par la duchesse de Lisieux à fêter l’installation de la baronne chez sa nièce. Thérésia était du nombre, et sa joie d’être sortie ce jour-là pour venir embrasser sa grand’mère ajoutait encore à sa grâce naïve : c’était l’unique enfant du fils qu’avait perdu la baronne à la bataille de la Moskowa, et madame d’Ostange la faisait élever au couvent selon le vœu de sa mère mourante ; car la pauvre enfant était orpheline, et la baronne aurait craint de ne pas vivre assez pour assurer son bonheur, si la tendresse de Mathilde pour Thérésia ne lui avait ôté toute inquiétude sur son avenir.

Trop jeune pour entrer dans le monde, Thérésia se résignait à vivre au couvent, sans regretter les plaisirs bruyants qu’elle voyait enviés de ses compagnes. Mais elle ne pouvait s’accoutumer à ces petites menées, ces saintes flatteries employées pour parvenir à capter plutôt qu’à mériter la bienveillance de la supérieure. Elle voulait qu’on l’aimât pour elle-même et non pour ses efforts à paraître aimable ; elle voulait être protégée, non asservie ; enfin, elle rêvait l’indul-