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Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/75

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madame de Cérolle, j’ai senti le besoin de vous mettre en garde contre lui.

— C’est un soin inutile, répliqua la duchesse d’une voix oppressée ; quand on peut joindre tant de présomption à tant d’impertinence, on n’est dangereux pour personne.

En ce moment, plusieurs visites forcèrent Mathilde à quitter sa cousine ; elle n’eut pas le temps de savoir d’elle ce qu’Albéric avait répondu lorsqu’elle lui avait parlé de ce plan, qu’un fat pouvait seul concevoir. Mais peu lui importait les raisons dont il se servait pour le rendre excusable aux yeux des gens qui rient de tous les piéges tendus à l’amour-propre des femmes. L’idée qu’elle avait pu se laisser abuser un instant par l’apparence d’un sentiment qui n’était qu’un jeu, révoltait assez sa fierté pour n’avoir plus rien à craindre de sa faiblesse.

Le colonel Andermont avait été engagé à dîner le matin par un billet de la duchesse, et s’étant excusé de ne pouvoir accepter son invitation, il venait seulement d’arriver ; chacun s’empressa de lui demander des nouvelles de son ami, excepté Mathilde, qui se mit à lui parler du maréchal de Lovano, pour détourner l’attention que l’on portait à ce que disait Maurice, sur la santé de M. de Varèze.

— Il est presque guéri, répondait-il, mais encore faible et pâle à faire peur. Quand il a su, madame, ajouta Maurice, qu’il aurait pu avoir l’honneur de