Aller au contenu

Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le caprice du souverain ou l’intrigue d’un courtisan. Le ministre qui en est frappé ressemble à cet arbre que la foudre atteint sans l’abattre ; il résiste en apparence ; mais bientôt, privé de la sève qui le nourrissait, il se dessèche et meurt. Mon beau-frère se piquait d’une philosophie qui aurait dû soutenir son courage dans un malheur dont il avait déjà vu tant d’exemples ; j’avoue que l’ayant souvent entendu prodiguer à ses amis ses conseils et ses consolations en pareille circonstance, et l’ayant même entendu parler avec peu d’estime de ceux qui attachaient un si grand prix à la faveur, je ne me serais jamais doutée qu’il ne pût survivre à la perte de celle que le roi lui retirerait un jour.

— Quoi ! cette injuste disgrâce a causé sa mort ?

— Hélas ! oui, la mort la plus affreuse et le désespoir de sa famille. Exilé dans une de ses terres en Flandre, le duc de Clarencey s’y rendit sans se récrier sur cet acte de rigueur, et parut certain d’être rappelé aussitôt que Sa Majesté daignerait jeter les yeux sur un mémoire qui le justifiait clairement de tous les faits inventés par ses ennemis pour le perdre. Cette espé-