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Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/133

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son absence nous privait de l’unique moyen de faire parvenir notre requête au roi, et de l’avantage de la voir appuyée par le crédit d’un homme aussi courageux qu’estimable.

» Pendant que j’employais toutes mes journées en démarches inutiles, j’appris que le gouverneur de mon neveu venait de succomber à une maladie de langueur, et qu’Edmond, inconsolable de la perte de cet excellent ami, avait interrompu le cours de ses études, et se livrait à une tristesse qui le rendait incapable de toute espèce d’occupation. Je retournai aussitôt à Oxford pour y donner tous mes soins à Edmond ; il avait alors près de quinze ans, et le malheur avait déjà formé son caractère naturellement sérieux. La gaieté, souvent insultante de ses jeunes camarades, l’importunait, et l’espèce de dédain qu’ils affectaient pour un orphelin français et ruiné, ajoutait encore à la fierté, peut-être exagérée d’Edmond, et lui inspirait une sorte de sauvagerie qu’il a depuis conservée dans le monde.

» Le récit que je lui fis du peu de succès de mon