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Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/190

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XXIX


Je me crois dispensée de tracer ici toutes les réflexions qui occupèrent mon esprit pendant ce déjeuner où chacun s’efforçait de paraître gai et méditait intérieurement sur un sujet triste. On devinera plus facilement que je ne saurais l’exprimer ce que l’aveu d’Edmond me causa de plaisir et de peine.

Je sentais bien qu’un moment plus tard, j’aurais eu le tort de lui apprendre à quel point j’étais sensible à son amour, je me félicitais d’y avoir échappé, et pourtant j’aurais voulu qu’il devinât mon cœur. Je ne pouvais plus me tromper sur mes sentiments.

Celui que m’inspirait Edmond n’avait rien de commun avec cette folle passion que je reconnaissais bien être le fruit d’un amour-propre exalté par la flatterie, irrité par les obstacles ; avec cette passion enfin, dont l’ardeur tenait tout du prestige, et qui devait s’éteindre au premier tort qui détruirait l’enchantement.