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Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/194

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Je m’en emparai, et Suzette me dit :

— Ah ! mademoiselle, il est bien défendu à mon père de prêter cette clef.

— Je la rapporterai ce soir, ma chère Suzette ; tâchez qu’Étienne ignore que je l’ai prise ; c’est une grâce que mon amitié vous demande.

— Je ne saurais vous rien refuser ; mais qu’irez-vous faire auprès de ce tombeau ? pleurer, ajouter encore à votre tristesse par de douloureux souvenirs ! Éloignez-vous plutôt de ce lieu de regrets.

Sans écouter cet avis, j’embrassai Suzette, et je m’enfuis dans le parc.

Un tremblement affreux me saisit quand j’ouvris la grille qui séparait ce séjour de douleur de celui qu’habitait ordinairement l’indifférence ou la joie. Je marchai longtemps dans les bosquets avant d’oser m’approcher du monument où reposait ma mère ; un sentiment craintif et religieux s’empara de mon âme ; les yeux fixés sur la pierre qui portait l’urne funèbre ; j’y lus cette inscription :

Malheureux Jules !