Aller au contenu

Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je l’avais oubliée un instant, c’en était assez pour la vanité de madame d’Aimery.

» Elle m’ordonna de partir, et je m’arrachai d’auprès d’elle dans un véritable accès de douleur.

» Avant de m’embarquer, je lui écrivis une lettre où je lui peignis mes regrets avec tout le désordre d’une imagination exaltée. En me plaignant de l’obligation de la fuir pour obéir à l’honneur, j’exagérai ma douleur dans l’espérance de calmer la sienne.

» Quel empire un seul mot exerce sur le bonheur de la vie entière ! et combien je déplorai depuis l’instant fatal où l’égarement le plus coupable me dicta cette lettre !

» Lorsque j’arrivai à Céréville, Sophie, tout occupée du danger de sa mère, n’observa ni mon air contraint, ni l’agitation que j’avais peine à calmer et qui souvent m’éloignait d’elle.

» Il y a quelque chose dans les inquiétudes d’une fille pour sa mère qui triomphe de l’amour même ; on dirait qu’un sentiment secret l’avertit que cette perte est la seule irréparable.

» Je fus bien reçu du marquis de Céréville ; il avait