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Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/220

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autant pour objet de tromper son agonie que d’assurer le bonheur de sa fille.

» Je n’oublierai jamais le tremblement qui s’empara de Sophie quand je la conduisis à l’autel ; elle me parut si malheureuse que j’en fus offensé, et lui dis avec ressentiment :

» — Pour être aussi à plaindre il faut que vous ne m’aimiez plus.

» Elle ne répondit à ce reproche qu’en me montrant des yeux sa mère, et me laissa pénétré du regret de mon injustice. Combien de fois ce premier tort ne s’est-il pas représenté à mon esprit ? Hélas ! quand on peut s’accuser d’avoir causé la mort d’un être chéri, on se fait des remords de tout !

» Deux jours après celui qui me rendit l’époux de Sophie, madame de Céréville nous donna l’exemple de la mort la plus résignée.

» Ses derniers moments ne furent point adoucis par cette espérance d’une foi vive qui fait de la mort la dernière action d’une première vie. Sans être impie, madame de Céréville avait été élevée dans cette reli-