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Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/246

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» Comment vous accuserais-je, vous, dont les soins touchants m’ont si longtemps abusée, vous, à qui j’ai dû toutes les illusions d’une félicité qui durerait encore, si l’affreuse vérité n’était venue en détruire l’enchantement ? Non, je fus seule coupable, je devais étouffer le ressentiment d’une injure expiée par tant de sacrifices de votre part ; je devais attendre le retour de ton cœur, vivre pour être ton amie, pour garantir ta fille de l’affreuse passion qui me tue et t’épargner les regrets qui t’affligent. Mais, plains-moi, Jules, je suis assez punie ; je vais te quitter pour toujours, j’abandonne à des mains étrangères l’enfant dont je devais protéger la jeunesse, et j’emporte au tombeau toute la responsabilité de son avenir.

» Absous-moi de ce crime envers elle, mon cher Jules, en préservant son cœur de tous les chagrins qui déchirent le mien.

» Répète-lui souvent que les horreurs de la jalousie ont dévoré mon existence ; inspire-lui l’effroi des sentiments extrêmes ; donne-lui le courage de les sur-