Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/280

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EDMOND À LÉONIE.

« Vous m’aimez, Léonie… Vous, daigner me le dire, et j’oserais me plaindre ! Ah ! que le ciel m’accable de tous les tourments réservés aux ingrats si jamais je murmure contre ma destinée !… Vous m’aimez, n’est-elle pas remplie ?

» Oui, je défie le désespoir qui m’attend, lorsqu’il faudra vous obéir, d’effacer l’impression de cette joie céleste dont s’enivre mon cœur, de cette joie qui eût fait de ma vie un long enchantement si, renonçant à des nœuds mal assortis, vous m’aviez confié le soin de votre bonheur. Ah ! de combien d’adorations Léonie eût été l’objet !…

» Uniquement occupé de lui plaire, le désir de justifier son choix m’en aurait rendu digne ; j’aurais voulu posséder les vertus qu’elle admire, les talents qu’elle préfère ; et l’amour eût protégé l’ambition qu’il faisait naître. Mais vous avez contracté des engagements consacrés par l’honneur ; c’en est fait, Léonie, j’immole ma vie à vos serments ; je vous l’ai destinée dès que je