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Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/30

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paraîtrez ce que vous êtes ; il voudra vous plaire, et lors même que votre raison vous éclairerait sur le danger de flatter les espérances d’un jeune extravagant qui ne doute de rien, parce qu’il a plu à quelques femmes sans pudeur de s’afficher pour lui, vous ne sauriez mettre trop de circonspection dans vos rapports avec lui. Quand on est jeune et jolie, ma fille, il faut encore plus de soins pour se mettre à l’abri du soupçon que de la faute. Vous êtes loin de l’un et de l’autre, et si je vous préviens sur les suites souvent irréparables de l’inconséquence, cet excès de prévoyance n’est motivé que par l’extrême attachement que je vous porte. Je veux votre bonheur, Léonie, c’est la dernière volonté de ma vie, mais elle est absolue, dussiez-vous la contrarier, je suis décidé à l’accomplir.

En finissant ces mots, il se leva, m’embrassa presque aussi tendrement que le jour de son retour, et sortit. Je restai quelques moments sans pouvoir définir ce que ce discours me faisait éprouver. Je me reprochais d’avoir passé une partie de la nuit à penser à cet Alfred que je ne connaissais pas et que déjà l’on