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Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/50

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parfaite, enfin, toutes ces vertus incompatibles avec un sentiment exclusif, m’ont persuadée qu’il s’était fait illusion sur ses prétendues passions. Il avait dû être assez beau, assez aimable pour en inspirer de vives, mais il était trop parfait pour s’en laisser aveugler.

Il fallut peu de temps à mon père pour s’apercevoir de l’inutilité de ses conseils. Loin d’Alfred, ma figure portait l’empreinte de l’ennui ; sa présence seule m’animait, sa légèreté me donnait une humeur impossible à dissimuler, et notre préférence mutuelle n’était plus un secret pour personne. J’en avais fait la confidence à mon Eugénie qui ne cessait de me féliciter du bonheur de fixer un jeune homme aussi léger, aussi séduisant et qui serait bientôt mon mari ; car M. de Montbreuse, disait-elle, ne pourrait s’empêcher de lui rendre plus de justice, et d’être touché d’un attachement aussi profond que le nôtre. La sage Eugénie parlant ainsi, tranquillisait beaucoup ma conscience. Cependant l’air et le ton de M. de Montbreuse devenaient tous les jours plus sévères, il mettait tous ses soins à m’empêcher de rencontrer Alfred sans pourtant l’éloi-