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Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/52

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— Combien je serais coupable, me disait-il, de mettre à la disposition d’un jeune insensé, mon bien le plus précieux, le bonheur de ma fille ! Qu’aurais-je à vous répondre, Léonie, si, cédant à son caprice et à votre faiblesse, vous veniez un jour me reprocher les chagrins que mon expérience aurait dû vous éviter ? Le caractère d’Alfred vous est déjà assez connu pour justifier mes craintes ; sa facilité à céder à toutes les impressions de son âme, son peu de discrétion pour les moindres espérances qu’il conçoit, et ses continuelles inconséquence vous ont déjà compromise au point de laisser croire que ce serait vous désespérer que de vous refuser sa main. On est persuadé dans le monde que, malgré vos principes, votre modestie et votre éducation, vous seriez capable, pour lui, des folies les plus romanesques ; et voilà le fruit d’une préférence malheureuse !… Vous vous imaginez peut-être qu’Alfred devenu votre mari, ses défauts auraient moins d’inconvénients pour le monde et pour vous ; détrompez-vous, ma chère Léonie, si, tout en vous aimant et vous respectant, Alfred se rend aussi coupable, que serait-ce