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Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/59

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de ses charmes, semblait lui pardonner l’abandon dans lequel il l’avait à peu près laissée depuis trois mois. Je souffrais tous les tourments de la jalousie, quand mon père, s’approchant de ma tante et de moi, vint nous présenter M. le comte Edmond de Clarencey, son pupille, jeune homme auquel il paraissait prendre le plus vif intérêt, mais que, dans mon dépit, je ne regardai seulement pas, ne pouvant détacher mes yeux de l’endroit où madame de Rosbel régnait en souveraine. Cependant, honteuse de ma faiblesse et craignant de me voir l’objet de la pitié d’une rivale aussi vaine, je rappelai ma fierté, et tâchai de paraître aussi transportée de plaisir que je l’étais de colère : je dansai sans discontinuer ; on faisait cercle autour de moi, on vantait mes grâces, ma tournure : la curiosité de me voir avait attiré la foule d’adorateurs que madame de Rosbel traînait ordinairement à son char. Je la voyais abandonnée de sa cour, seule avec Alfred et l’écoutant d’un air assez distrait. Je commençais à jouir de tous les plaisirs d’une juste vengeance, quand je la vis se lever, prendre le bras d’Alfred et sortir du bal. Je