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Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/74

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ter son courroux, je lui montrai le billet d’Alfred, et lui appris comment il avait enfreint ses ordres pour me dire un dernier adieu. Je ne dissimulai aucune des circonstances qui aggravaient mes torts, et je dus probablement à cet excès de franchise la confiance que mon père a toujours eue depuis dans ma sincérité, et l’indulgence qu’on ne sait pas refuser à la bonne foi.

Je m’attendais à sa colère, sa modération m’abattit après m’avoir écoutée attentivement, il me dit d’un ton calme :

— Léonie, si après vous être ainsi compromise envers votre cousin, vous veniez à découvrir que tout ce roman est le fruit de l’exaltation de votre tête, et non pas l’effet d’un sentiment durable, que feriez-vous alors ?…

— Je n’ai pas prévu comment je me conduirais dans une situation qui ne sera jamais la mienne.

— Eh bien, moi, je dois le prévoir, reprit-il avec ironie, et laisser au temps le soin de vous désabuser. Je pourrais combattre vos résolutions, vous ordonner de vous soumettre aux miennes, et vous représenter ce