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Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/92

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bien ils étaient heureux de son retour. Au milieu de cette foule, j’eus bientôt reconnu Suzette ; un joli visage, une taille élégante, une mise aussi soignée que simple, la rendaient facile à distinguer de ses compagnes, aussi le fut-elle bientôt d’Alfred qui s’écria assez militairement :

— Ah ! la jolie petite personne !

Cette exclamation me déplut ; je trouvais son admiration juste, mais son enthousiasme me choqua.

J’avais reconnu cette même inflexion de voix dont il s’était servi souvent pour me dire : Ma cousine est charmante, » et, dès ce moment, je ne me trouvai plus flattée de ses éloges.

Dans ma simplicité, je croyais alors qu’un homme bien amoureux ne pouvait parler avec chaleur d’aucune autre beauté que de celle de l’objet de son amour, mais l’expérience m’a prouvé, depuis, que les femmes étaient bien plus susceptibles d’un sentiment exclusif ; l’amant le plus passionné pour sa maîtresse n’en est pas moins sensible aux charmes de toutes les jolies