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Page:Nichault Les Malheurs d un amant heureux.djvu/290

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pendant sa dernière maladie, que depuis qu’il est mort, elle souffre beaucoup de la poitrine, et je vois que sa tante en est fort inquiète.

— Quoi ! M. de Civray est mort ?

— Il y a plus de six semaines.

— Et sa veuve est-elle ici ?

— Ne me faites pas tant de questions, Victor ; je ne saurais mentir avec vous, et j’ai peur de désobéir à madame en vous en disant davantage.

— Soit ; je n’insiste plus. Viens m’aider à placer les tableaux de monsieur dans sa galerie, pour qu’il les trouve rangés en arrivant.

— Sa galerie n’est plus dans le pavillon du jardin. Madame a loué tout ce corps de logis qui était séparé de l’hôtel, et elle a fait transporter les tableaux et les livres de M. Gustave dans une nouvelle galerie près de la chambre qu’il occupait. Je vais vous la montrer. C’est une surprise qu’elle veut faire à son fils ; vous verrez si ce n’est pas quelque chose d’admirable.

— Madame de Révanne avoir des locataires ? dis-je en branlant la tête, cela m’étonne.

— Eh bien, gardez votre étonnement pour vous, répondit Louise en souriant, et suivez-moi.

Elle me conduisit alors dans l’appartement que madame de Révanne avait fait arranger pour mon maître. Il était aussi complet que celui de sa mère, seulement une partie devait rester fermée jusqu’au jour où elle serait habitée par une jeune femme ; car madame de Révanne ne supposait pas que le bonheur de Gustave pût jamais le séparer d’elle. La vue de cet appartement décoré avec tant de goût et d’élégance, de cet asile paré des dons de la plus tendre mère, et où elle s’était plu à réunir tout ce qui peut mettre à l’abri de l’ennui, me rappela tristement l’obligation de chercher un logement pour madame de Verseuil, et je maudis tout bas la femme qui allait sans doute priver Gustave du plaisir de vivre dans cette agréable demeure.

Cependant je remplis exactement les ordres qu’on m’avait donnés à ce sujet, et ne rentrai le soir qu’après m’être assuré