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Page:Nichault Les Malheurs d un amant heureux.djvu/43

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je n’en eusse pas la moindre assurance ; par ce moyen, j’obtins la permission d’écrire à madame Dubreuil que, tout occupé de ses intérêts, je venais de déterminer madame de Révanne à prendre sa nièce chez elle, avec l’engagement de lui assurer un sort convenable à l’éducation que sa tante lui avait donnée ; ce qui voulait dire qu’elle se chargerait de la marier. Enfin cette lettre, remplie de grosses flatteries et du galimatias inspiré parla double reconnaissance de madame Dubreuil envers sa bienfaitrice, et de mes sentiments envers madame Dubreuil, produisit un si grand effet sur la vanité et l’avarice de la tante, que huit jours après nous vîmes arriver la nièce.



X


J’avoue que l’attente et l’arrivée de cette petite Louise me rendirent pendant quelque temps moins observateur des actions de mon maître ; je m’aperçus seulement qu’il revenait toujours plus calme de ses longs entretiens avec Alméric. J’en conclus que les conseils de l’amitié le ramenaient à la raison et la à santé. Je m’abusais. C’était bonnement de l’espérance que lui rendait son ami, en lui démontrant que madame de Révanne devait en agir ainsi pour mettre sa responsabilité à l’abri du soupçon de protéger l’amour de sa nièce. Car, pour son fils, elle ne pouvait lui désirer un attachement plus convenable à son âge, où les premières inclinations ont tant d’influence sur le reste de la vie. Ne valait-il pas mieux qu’il fût amoureux d’une femme comme il faut, que subjugué par quelque courtisane ? Et ne voyait-on pas clairement qu’en éloignant Lydie, la marquise voulait se réserver la possibilité d’ignorer le bonheur de son fils, et non celle d’y nuire.

Avec d’aussi bons raisonnements, on est sûr de convaincre un jeune homme bien épris. Gustave, persuadé qu’en sacrifiant Lydie à l’apparente sévérité de madame de Révanne, il en serait peut-être blâmé secrètement, s’enhardit dans l’espoir d’arriver à son but, et ne pensa plus qu’au moyen d’y parvenir. En ami dévoué, Alméric s’offrit de le servir auprès de Lydie, qu’il rencontrait souvent chez madame d’Herbelin ;