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Page:Nicolaï - La loi du Sud, 1946.djvu/98

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LA LOI DU SUD

son amour… Alors… As-tu aimé déjà ?… Sans cela tu ne peux pas comprendre…

— Alors… tu as tout quitté et tu l’as suivi ?

— Mon bonheur a duré cinq ans. Je partageais sa vie d’aventures. Je vivais comme un homme, tuant, pillant, aimant… J’avais oublié tout ce qui n’était pas lui. Ma vie a commencé avec lui… Oh ! pourquoi n’a-t-elle pas fini avec la sienne ? Vois-tu, quand je me suis sauvée, c’était parce que je croyais qu’il pourrait se débarrasser de ses ennemis. Il était toujours victorieux. Et puis, je suis retournée là-bas, j’ai embrassé une dernière fois son cadavre que personne ne veillait. Après j’ai marché droit devant moi… sans savoir. La vie m’a donné tout ce qu’elle pouvait. Maintenant elle n’a plus rien pour moi. Comprends-tu ?…

Elle se tut.

Il y eut un silence lourd d’angoisse dans lequel résonnèrent ses paroles.

Je lus dans ses yeux une désespérance infinie… Elle partait à la dérive, incapable de survivre à cet amour immense.

Pouvais-je encore quelque chose pour elle ?

Je me retirai doucement. Elle n’avait plus besoin de moi…

À peine avais-je baissé la natte qui fermait la tente qu’une détonation retentit…

Sa vie était finie, comme celle de son amant…

Inch’Allah !

Et je n’eus pas de remords d’avoir laissé mon revolver si proche d’elle, sous la tente…