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Page:Nicolaï - La mort fait le trottoir, 1948.djvu/128

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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

Les journaux du matin n’accordaient déjà plus qu’une colonne à l’assassinat des May Sisters. Par contre, les journaux du soir entretenaient soigneusement cette rubrique et, grandement aidés en cela par Tonio Savelli, inventaient tout ce qu’il fallait de fausses pistes. L’un d’eux annonçait la publication des mémoires de Liliane qu’hâtivement confectionnait un rédacteur auquel on avait donné trois sténographes. Et cela suffisait pour entretenir la terreur à Montmartre.

Le temps était morose. Le vent charriait par les rues des écharpes de pluie et sous le ciel bas la nuit venait vite. Les filles n’avaient point repris courage. À longueur de soirées, elles s’entretenaient du même sujet derrière les glaces des bars illuminés.

— Cochon de temps !

— Avoue-le donc. C’est pas de la pluie que tu as peur.

— C’est vrai.

— Il y a tout de même deux jours que personne n’a été tué.

— C’est qu’il cherche quelqu’un.

— Tu crois.

— Bien sûr. Tant qu’on ne l’aura pas coffré, il n’y a rien à faire… qu’à attendre.

— J’en ai marre, tu sais.

Tu voudrais peut-être qu’il te zigouille.

— Ce serait fini au moins.