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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

Quand Ruby arriva, le couloir d’entrée était encombré d’un tas de valises couvertes d’étiquettes multicolores en provenance de toutes les parties du monde. Un petit homme à la peau jaune, aux yeux bridés, vêtu d’un costume à carreaux, les remuait les unes après les autres. Deux filles magnifiques, l’une blonde, l’autre très brune, qui descendaient l’escalier en riant très haut, l’interpellèrent :

— Qu’est-ce que tu cherches, Takigoutchi ?

— Mon bagage, répondit le petit homme avec un fort accent anglais. Mon bagage que je ne retrouve pas. Et cette concierge qui n’est pas là !

— Elle est au quatrième. Elle fait la chambre de Katty. Tu n’as qu’à l’appeler.

— Mais elle dira encore qu’elle ne sait pas. Elle ne sait jamais rien.

— Elle en sait plus qu’elle n’en dit, fit la blonde en prenant le bras de sa compagne. Tu viens, ma loute, Robert va encore nous enguirlander.

Le Japonais se remit à ses recherches en grommelant :

— Mon bagage… mais où est mon bagage !

Dans l’escalier sombre, Ruby croisa un jeune homme dont elle distingua mal les traits qui, s’effaçant pour la laisser passer, interrompit la chanson qu’il fredonnait pour lui dire :

— Passe, jeune beauté, passe. Et prends garde de ne point casser ta petite gueule en or. Il y a un enfant de truie qui a fauché l’ampoule du palier,