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Page:Nicolaï - La mort fait le trottoir, 1948.djvu/46

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LA MORT FAIT LE TROTTOIR

— V’là Tonio.

En effet, fendant la foule, Tonio apparut. C’était l’heure habituelle de son pastis.

Il mit sa main lourde sur l’épaule de Liliane.

— Toi, d’abord, ferme ça. Tiens-toi tranquille, hein !

Liliane se révolta.

— C’est cela, maintenant… Donne-moi tort alors que cette…

Elle ne put prononcer l’injure, parce que Tonio à toute volée lui avait asséné une gifle qui claqua sec. Sa tête en fut renversée sur la banquette. Elle se mit à pleurnicher.

— Tonio connaît la manière, apprécia un amateur à haute voix.

Mais Ruby s’était dressée devant Tonio.

— Vous êtes un sale monsieur, lança-t-elle, un dégoûtant…

Tonio devint cramoisi. Ses mâchoires se crispèrent ; ses yeux flambèrent.

— Tonio l’a mauvaise, fit encore l’amateur. Ça va barder.

De fait, avançant d’un pas, Tonio avait saisi Ruby à la gorge, et il levait son poing pour la frapper. Les filles se mirent à pousser des cris stridents.

Mais Tonio ne put abaisser son bras. Une poigne de fer l’immobilisait.

— Toi, tu vas commencer par laisser cette jeune fille, hein.